Arrivés en Guyane sans encombre, après avoir trouvé notre logement qui nous servira de base pour les excursions, organisé nos affaires et dormi quelques heures, nous nous sommes mis en route pour l'Ilet La Mère. Le nom vous intrigue ? Moi oui, alors j'ai essayé de comprendre. En fait, c'est une légende qui lui donne son nom. L'île fait partie d'un archipel de 6 îlots, au large de Remire-Montjoly : La Mère, Le Père, Les Deux Mamelles, Le Malingre et L'Enfant Perdu. La légende raconte que cette famille, qui naviguait paisiblement, fut renversée par une énorme vague. Ils tombèrent tous à l'eau, chacun essayant de sauver l'autre, sans succès. Le Malingre, le serviteur, tenta de sauver le plus jeune, sans succès. L'Enfant Perdu dérive vers l'ouest et s'échoue au large de la rivière Cayenne. La légende dit qu'ils ont été pétrifiés à l'endroit même de leur naufrage pour garder à jamais leur souvenir...

Les premiers habitants de l'île étaient les Amérindiens, comme nous l'avons vu plus haut. Ils utilisaient les roches émoussées de l'île comme meules pour aiguiser leurs outils. Après l'occupation amérindienne, peu de gens ont résidé ici en raison de la petite taille de l'île ! Les Jésuites sont arrivés au XVIIe siècle avec les premiers colons français, pratiquant l'esclavage pour l'agriculture et l'élevage. Plus tard, ils accueillent les lépreux, le site étant éloigné du continent. En 1852, la première colonie pénitentiaire est établie avec ses installations (casernes, hôpital, cimetière, église). Les 600 bagnards régulièrement présents sur l'île sont renouvelés à chaque épidémie de fièvre jaune...

Entre 1923 et 1933, la femme d'un ancien bagnard, Duez, loue l'île pour y établir une grande exploitation agricole avec divers arbres fruitiers. Cette exploitation approvisionnait tout le littoral guyanais et même l'Europe ! Après sa mort, personne ne réussit à poursuivre l'activité et l'entreprise périclite. En 1981, l'Institut Pasteur s'installe sur l'île et se consacre à l'élevage de singes écureuils pour la recherche sur le paludisme. Lorsque les équipes scientifiques quittent l'île, elles laissent derrière elles les singes. Ils sont aujourd'hui les principaux habitants de l'île. L'homme ne peut pas y résider car il s'agit d'une réserve naturelle protégée. Outre les singes écureuils, de nombreux oiseaux habitent l'île. Les termitières sont impressionnantes. Les arbres fruitiers ont persisté et constituent la principale source de nourriture des petits singes (bananiers, papayers, manguiers, arbres à pain). Enfin, les arbres "fromagers" se caractérisent par leur base géométrique lamellaire et leur hauteur imposante. Ils sont également appelés "arbres à pirogues" car leur bois servait historiquement à la construction de canoës".