"L'un des objectifs de notre voyage et de nos excursions était d'assister à la naissance des tortues de mer sur les plages de Guyane. Peu avant mon départ, j'ai regardé à la télévision un documentaire sur la réserve naturelle d'Awala et sur la possibilité d'assister à l'éclosion des tortues avec l'aide des professionnels de la réserve.
Cette partie du voyage s'est déroulée en plusieurs phases : découverte de la réserve depuis le ciel à bord d'un avion ultraléger, marche à travers de larges sections de la réserve et observation du travail des spécialistes de la réserve (s'ils ont bien voulu nous accorder un peu de temps).
Awala est un site important pour la protection des tortues, et nous espérions assister à leur venue sur le rivage pour pondre leurs œufs ou suivre les éclosions (les bébés tortues émergeant de leur nid enfoui à 80 cm sous le sable par la mère, pour les tortues luth) et leur épuisant voyage vers la mer, en évitant les nombreux prédateurs qui attendent leur émergence (oiseaux, reptiles, chiens, etc.). Nous savions que nos chances étaient minces car le pic de nidification se situe de mai à juillet, mais nous espérions un coup de chance...
Il existe trois principaux types de tortues en Guyane : La tortue luth niche d'avril à juillet, la tortue verte de février à mai et la tortue olivâtre de juin à septembre. Il convient de noter que la période d'incubation des bébés tortues, de la ponte à l'éclosion, est d'environ 52 jours. Nous avions donc plus de chances d'assister à l'éclosion des tortues olivâtres, avec une faible possibilité pour les tortues luths.
Notre visite à la réserve d'Awala s'est soldée par un échec. Nous avons ratissé la plage en long et en large à plusieurs reprises, mais aucune tortue n'a été aperçue. Le lendemain, nous avons décidé de demander de l'aide et des explications au personnel de la réserve. Ils nous ont accueillis chaleureusement et nous ont dit : "Ne vous inquiétez pas, venez demain à 6 heures du matin (oups !!), et le gardien vous montrera l'écloserie". L'écloserie est un espace protégé pour les œufs récupérés après la ponte et en danger à cause de leur emplacement, par exemple. Dociles et motivés, nous nous sommes rendus à l'écloserie le lendemain. Un beau lever de soleil, une demi-douzaine de piqûres de moustiques en 20 minutes, mais pas d'éclosion : "C'est dommage parce qu'on en a eu une dizaine hier !". Vous imaginez ma déception ! Nous partions pour Kourou le jour même, et l'idée de voir des éclosions s'estompait. Je pense que le gardien a perçu ma grande déception et m'a proposé une nouvelle option : "Vous allez à Kourou ? Je vais appeler les volontaires de Montjoly (60 km à l'est de Kourou, près de Cayenne). Il y a encore des éclosions de tortues olivâtres. Ils vous contacteront pour que vous les rejoigniez. Un beau geste, mais honnêtement, je n'y croyais plus.
Nous avions parcouru la plage de Montjoly dans tous les sens sans succès, sauf qu'on nous avait dit d'y aller au crépuscule, ce qui n'était pas une bonne idée. Nous n'étions pas non plus dans le bon créneau horaire. Peut-être que ça marche la nuit, mais notre rendez-vous était à 6 heures du matin le jour de notre départ pour la France ! !! Dernière chance. Nous nous sommes réveillés à 4 heures du matin. Objectivement, je n'y croyais plus. Mais devant tant d'efforts pour nous aider à voir ces tortues, nous avons tenu bon. Nous étions sur la plage de Montjoly à 6h10, mais à son extrémité est (nous avions arpenté la partie ouest de la plage...) là, alléluia : des centaines de tortues dans le sable essayant de rejoindre l'océan. Nous avons dû faire attention où nous mettions les pieds pour ne pas écraser certaines d'entre elles. Pour nous, c'était un miracle et un moment d'émotion. J'avoue avoir versé une larme. J'avais tellement envie d'assister à ce spectacle et je pensais que je n'y parviendrais pas, du moins au cours de ce voyage. Le reste est au-delà des mots. Vous pouvez le voir dans la vidéo. Merci aux bénévoles de l'association KWATA qui nous ont contactés et orientés au bon endroit et au bon moment. Ils surveillent la nidification et l'éclosion des tortues tout au long de l'année, aidant les bébés qui souvent n'ont pas le sens de l'orientation et se dirigent dans la mauvaise direction. C'est dit avec humour, mais cela représente des centaines de tortues qui n'atteindront peut-être jamais le rivage. Félicitations aux bénévoles, ils sont extraordinaires !
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