Les îles du Salut sont situées au large de Kourou (14 km), mais elles relèvent de la gouvernance de Cayenne. Elles sont composées de 3 îles : L'île Royale (en souvenir de Louis XV), l'île Saint-Joseph (en souvenir de l'explorateur) et l'île du Diable.

Bien que proches du littoral, ces îles n'ont rien à voir avec les paysages côtiers : le climat y est plus sec, et l'eau y est bleue (par rapport à l'eau brune de toute la côte guyanaise, en raison du limon constamment remué par les courants marins le long du rivage. Cette couleur a donné le nom au fleuve Maroni). Cet aspect paradisiaque ne fait cependant pas oublier le passé tragique de ces îles, qui ont abrité des bagnards...

Il est à noter que la loi sur la création de colonies pénitentiaires hors de la métropole date de 1854. Après l'abolition de l'esclavage en 1848, la Guyane manque de main-d'œuvre. Dans ce contexte, la Guyane devient une terre de bagne : aux îles du Salut, à Saint-Laurent du Maroni, à Montsinery (bagne des Annamites).

Albert Londres, journaliste et photographe qui a passé un an en Guyane à Saint-Laurent du Maroni et sur ces îles en 1923 (il y a tout juste 100 ans ! !), a été le premier à dénoncer l'horreur de la vie des bagnards avec de nombreux articles publiés à l'époque sur le sujet, et un livre racontant la vie des bagnards intitulé "Au Bagne". Les reportages d'Albert Londres font l'effet d'une bombe, renforcée par la publication de son livre en 1924.

Son séjour en Guyane parmi les bagnards hantera longtemps ses nuits : "Je rêve encore toutes les nuits de ce temps au bagne... C'est un temps que j'ai passé en dehors de la vie". Il écrit une lettre au ministre des Colonies, Albert Sarraut : "Ce ne sont pas des réformes qu'il faut en Guyane, c'est un bouleversement complet !". Albert Londres réclame un salaire pour les bagnards, comme cela se pratique dans d'autres pays tels que les Etats-Unis, des soins médicaux pour les détenus, et l'abolition de la peine du "doublement".

La peine de "doublage" implique que les condamnés à moins de 8 ans de travaux forcés restent en Guyane pour une durée supplémentaire égale à celle de leur peine. Ils sont alors logés dans des quartiers réservés à Cayenne ou à Saint-Laurent du Maroni et doivent se présenter au bagne deux fois par semaine. À l'issue de cette seconde période, ils peuvent rentrer en France, mais le prix du retour étant trop élevé, la plupart d'entre eux restent généralement en Guyane. Pour les condamnés à 8 ans ou plus de travaux forcés, ils devaient rester en Guyane à vie après avoir purgé leur peine... La loi sur la transportation est finalement abolie par le Front populaire en 1938. 75 000 détenus ont été incarcérés en Guyane depuis 1852. Les détenus présents en Guyane au moment de l'abolition de la transportation y sont restés et n'ont été rapatriés qu'en 1953 !

Nous avons visité plusieurs colonies pénitentiaires lors de notre séjour en Guyane : aux îles du Salut, à Saint-Laurent du Maroni, et je crois que la pire des cellules (2 m2) était celle des Annamites. Ces visites ont été marquantes et ont révélé l'enfer vécu par les bagnards.

Nous ne vous montrerons pas les vestiges du bagne dans cette vidéo, mais plutôt le côté paradisiaque des îles du Salut, qu'Albert Londres a décrit en disant : "Ils ont transformé le paradis en enfer...".

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